La situation problématique en Suisse ? (lettre EMB)
par vachekyrie, le 13 Octobre 2011 20h31
Le lait et le contre-exemple suisse
Que l’Union européenne ne répète pas les erreurs de la Suisse !
Deux bonnes années se sont aujourd’hui écoulées depuis l’abolition, au 1 mai 2009, des quotas laitiers en Suisse. Sur le marché du lait, la situation peut toujours être qualifiée de dramatique. Les livraisons de lait demeurent trop abondantes. La « montagne » de beurre culmine actuellement à un sommet-record de plus de 10 000 tonnes. Une pression permanente s’exerce sur le prix du lait, qui avoisine une moyenne de 60 centimes de franc suisse (ou 49 centimes d’euro) et demeure bien éloigné des coûts de production qui atteignent actuellement 1,10 franc suisse (91 centimes d’euro). Les producteurs de lait essuient toujours une perte de revenus oscillant entre 15 et 20 pourcents. Dans de nombreux cas, les exploitations se retrouvent en déficit. La survie de la production de lait n’est garantie qu’au...
Le lait et le contre-exemple suisse
Que l’Union européenne ne répète pas les erreurs de la Suisse !
Deux bonnes années se sont aujourd’hui écoulées depuis l’abolition, au 1 mai 2009, des quotas laitiers en Suisse. Sur le marché du lait, la situation peut toujours être qualifiée de dramatique. Les livraisons de lait demeurent trop abondantes. La « montagne » de beurre culmine actuellement à un sommet-record de plus de 10 000 tonnes. Une pression permanente s’exerce sur le prix du lait, qui avoisine une moyenne de 60 centimes de franc suisse (ou 49 centimes d’euro) et demeure bien éloigné des coûts de production qui atteignent actuellement 1,10 franc suisse (91 centimes d’euro). Les producteurs de lait essuient toujours une perte de revenus oscillant entre 15 et 20 pourcents. Dans de nombreux cas, les exploitations se retrouvent en déficit. La survie de la production de lait n’est garantie qu’au seul travers d’un subventionnement « indirect » découlant d’activités économiques parallèles. L’emploi pâtit de cette évolution : depuis l’abolition des quotas, le nombre de travailleurs par exploitation laitière est en constant recul. Chronique de l’échec helvétique 2009.
En mai, un terme fut mis au contingentement du lait. Deux mois plus tard, naissait la BO Milch, l’interprofession laitière mandatée par les politiques afin de prendre et de mettre en oeuvre les décisions relatives au marché du lait. Au sein de la BO Milch sont rassemblés les producteurs, les transformateurs et les distributeurs. Il s’avèrera qu’à peu de choses près, aucune décision de la BO Milch ne sera mise en application. L’existence de cette organisation interprofessionnelle reste ce jour sans effet sur le marché du lait.
A la suite de l’abolition des quotas, le prix du lait avait, dès le mois de juillet 2009, déjà perdu 20 pourcents par rapport au prix recensé l’année précédente, à la même période. En novembre, les producteurs de lait organisèrent des manifestations et des distributions gratuites de lait. Une segmentation s’est produite, qui a débouché sur l’instauration d’un système à triple tarification, avec pour conséquence une accentuation des compressions exercées sur le prix versé aux éleveurs. Il existe un prix A, pour le lait contractuel (environ 42 centimes d’euro, prix de base en 2010), un prix B, pour le lait dit boursier (environ 39 centimes d’euro) et le prix C, pour le lait excédentaire (prix inférieur du marché mondial).
A l’époque, les coûts de production en Suisse atteignaient 70 centimes d’euros par kilo de lait. Les producteurs ne peuvent pas refuser de livrer aux prix B ou C. Les laiteries décident unilatéralement des quantités de lait respectivement rémunérées au prix A, B ou C. L’éleveur est contraint d’accepter des prix extrêmement bas. Puisqu’en cas de doute, l’excédent peut être écoulé sur le marché mondial au prix C, les laiteries ne sont nullement enclines à réguler la globalité des volumes produits. La surproduction ne fait que s’intensifier pour culminer à 107 pourcents en 2010. Les 8 000 tonnes de beurre excédentaire ne cessent de s‘accumuler. En raison de l’accord de libre échange entré en vigueur en 2007, les importations de fromage et autres produits laitiers ont connu une nette augmentation.
Dans le souci de désamorcer cette situation critique, le député du Conseil national, Andreas Aebi déposa une motion appelant au prélèvement d’un impôt sur les excédents. Ce prélèvement était 2 destiné à couvrir totalement les frais encourus lors de la collecte et du traitement des excédents laitiers et devait s’élever à un maximum de 30 centimes de franc suisse par kilo (environ 25 centimes d’euro).
Cette motion fut adoptée à une vaste majorité à la Chambre basse. Même au Conseil des Etats, une courte majorité était pressentie. Cependant, une motion d’ordre torpilla le scrutin et le vote fut renvoyé aux calendes grecques. L’organisation interprofessionnelle (BO Milch) dispose d’une toute dernière chance de reprendre personnellement en main la situation. 2011
L’organisation BO Milch galvaude sa chance de déjouer la dangereuse accumulation des excédents.
Certes, elle décide, le 18 mars, la réduction progressive de la « montagne » de beurre en prélevant un impôt d’un centime de franc suisse sur chaque kilo de lait et de quatre centimes de francs suisses sur les volumes qualifiés d‘excédentaires. De ce fait, les anciens droits de livraisons auraient retrouvé un sens. Néanmoins, à peine quelques jours plus tard, des organisations individuelles rêveuses de croissance torpillent cette décision par des voies juridiques. Un nouvel échec pour la BO Milch.
Lorsque le 31 août 2011, le gouvernement helvète instaure, pour tous, l’obligation de verser un impôt (versable à la BO Milch) d’un centime de franc suisse pour chaque kilo de lait produit, les grandes organisations de producteurs refusent d’obtempérer. Le seul objectif étant la possibilité d’exporter, à moindre coût, les excédents sans toutefois ralentir la production excédentaire.
Les stocks de beurre grimpent à 10 000 tonnes. Le prix du lait continue de dégringoler et est très loin de couvrir les frais de production estimés à 91 centimes d’euros. Les producteurs de lait essuient une perte de revenus de 15 à 20 pourcents. Dans de nombreux cas, les exploitations se retrouvent en
déficit. La survie de la production laitière n’est garantie qu’au seul travers d’un subventionnement « indirect » découlant d’activités économiques parallèles. L’emploi pâtit de cette évolution : depuis l’abolition des quotas, le nombre de travailleurs par exploitation laitière est en constant recul.
Le marché à l’exportation est caractérisé par de fortes tensions et les produits importés deviennent de plus en plus abordables et accentuent la pression subie par les produits laitiers suisses sur le marché national.
Graphique n° 1: Evolution du prix A, ex ferme, libellé en centimes de franc suisse – Jan. 06 – Sept. 11 (60,58 centimes de CHF = 50 centimes d‘EUR)
« Prix A » (ex ferme) Prix du lait de laiterie, prix indicatif, indice des prix du lait de laiterie Centimes/kg de lait (ex ferme, HTVA) ? Prix du lait de laiterie, Suisse (à la ferme, HTVA : OFAG) Indice des prix du lait de laiterie, Suisse (base : ?2005 ex ferme, HTVA : OFAG) Prix indicatif, lait de laiterie (converti à la ferme, HTVA : Transport = 3,5 centimes/kg TVA : BO Milch) 3
Graphique n° 2: Evolution des prix A, B et C (hors ferme), libellés en centimes de franc suisse (60,58 centimes de CHF = 50 centimes d‘EUR / 35,2 centimes de CHF = 29 centimes d‘EUR)
Période Prix indicatif A Prix indicatif B Prix indicatif C
Le prix indicatif s’applique au lait A, 4 % de matières grasses, 3,3 % de protéines. Le Conseil de la BO Milch définit ce prix indicatif chaque trimestre. Il s’aligne ainsi sur l’évolution récente des prix du lait de laiterie, sur l’évolution de coûts passés des intrants agricoles et sur les estimations de l’évolution du marché.
Le prix indicatif appliqué au lait B correspond au prix dit « seuil ». Le prix est calculé sur la base du cours des matières premières d’un kilogramme de lait dans le cadre de la production de poudre de lait écrémé destinée à l’exportation sur le marché mondial et dans le cadre de la fabrication du beurre destiné au marché national. Pour l’exportation de produits laitiers du segment B contenant des matières grasses, des corrections de prix sont possibles. Le prix de « seuil » est calculé et publié chaque mois par le bureau de la BO Milch.
Le prix indicatif pour le lait C est le prix garanti. Ce prix est calculé sur la base du cours des matières premières d’un kilogramme de lait dans le cadre de la production de poudre de lait entier et écrémé et de beurre destinée à l’exportation sur le marché mondial. Chaque mois, le bureau de la BO Milch calcule et publie le prix garanti.
Année Mois (centimes/kg, franco quai, HTVA, 4% de matières grasses, 3,3% de protéines
2011 janvier 65,0 55,1 35,2
2011 février 65,0 58,3 38,0
2011 mars 65,0 60,4 43,3
2011 avril 68,0 60,9 46,3
2011 mai 68,0 57,8 39,9
par Lisa09, le 24 Mars 2025 12h41
Je suis Lisa gadois une prêteuse particulière offrant des prêts à un taux d\'intérêt raisonnable 3% dans toute la France, la Belgique, la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, la nouvelle Caléd
par pinpin , le 23 Mars 2025 10h06
Tous les articles sur le Net, les journaux papiers ou televises ne parlent que de ça Il manque de viande de boeuf à cause de la maladie de la fco, notamment, et aussi de par le fait qu il y a de moi
par Benoît GEORGES, le 20 Mars 2025 06h57

Prochaine séance : jeudi 20 mars à Dinant (Salle Le Refuge, rue de Wespin 27) à 13h30.
Conférence donnée par la Direction de l\'Identification et des Surfaces de l\'OPW.
Une organisation de la Dire
par Benoît GEORGES, le 17 Mars 2025 16h00

Mardi 18 mars au Campus agronomique de la Haute Ecole de la Province de Liège (HEPL), rue Haftay 21 à 4910 La Reid à 13h30
Conférence donnée par la Direction de l\'Identification et des Surfaces
par GEORGES Benoît, le 09 Mars 2025 11h50

Mardi 11 mars à 20h00, en présentiel à Wavre et en virtuel : www.youtube.com/@CPARBrabantwallon.
La conférence se déroulera en présence de la Ministre de l’Agriculture et de la Ruralité
par Louis DC, le 03 Mars 2025 09h07

Bonjour,
Depuis plusieurs années je rencontre des dégats de corvidés sur ma ferme… Ces dégâts augmentent d’années en années au vu des populations qui ne cessent d’augmenter… Puis-je vo
le Pay
le 14 Octobre 2011 10h39
Tu a raison de citer cet exemple qui montre bien vers ou on va.
Mr Moreau te dira que si ils n'arrivent pas à produire au prix mondial c'est que ce sont tous des incompétants et qu'ils n'on qu'à vendre leurs vaches.
Mais c'est tiout un éco système que l'on met en péril avec des drames sociaux à la clé.
Et c'est nos producteurs de la MUH qui par Aldi innondent le marché suisse de lait au rabais !!
Sucellos
le 14 Octobre 2011 11h56
Si on veut que le secteur laitier soit maintenu pour préserver les paysages, sauvegarder la biodiversité et conserver l'emploi rural, que ce soit dit clairement et que l'on fasse un référendum sur le sujet en précisant le coût pour le consommateur : ce sera clair pour tout le monde.
Mais ... car il y un mais !
A la lecture des TRES nombreuses études et analyses des comptabilités, que ce soit le RICA, que ce soit les bureaux privés, que ce soit ici ou dans les autres EM, on constate de TRES GRANDES DISPARITES de prix de revient. Alors, si l'on veut soutenir le secteur comme le réclament à cor et à cri l'EMB et ses zélateurs, à quel niveau faut-il le faire ?
Si c'est sur base de la moyenne des coûts de production (et encore, elle varie d'EM à EM et même entre régions au sein d'un EM d'où premier problème), ceux qui produisent sous la moyenne vont être favorisés, dégageront des moyens et amélioreront encore leur compétitivité. Ceux qui sont au dessus de la moyenne, ne verront pas leur situation s'améliorer et leur problème restera pareil.
Questions : est-il acceptable dès lors que ce soit au coût le plus élevé que l'on fixe le soutien afin de satisfaire les exigences de l'EMB et ainsi favoriser ceux qui sont les plus performants ?
Quid du lait qui sert à fabriquer des produits qui sont exportés ? Faudra-t-il aussi subventionner les exportations pour sauver les emplois liés à ces productions, souvent de haute valeur ajoutée et demander au contribuable de payer deux fois ?
Comme il semble exclu d'évoluer vers un protectionnisme à la canadienne, j'attends les idées pratiques et le coût des protections demandées par EMB.
Sucellos
le 14 Octobre 2011 12h02
Pour ceux qui comprennent l'anglais, voici quelques points saillants d'une étude relative au marché global des produits laitiers réalisée par le bureau spécialisé "Marketline"
"The global milk market grew by 4% in 2010 to reach a value of $120,936.6 million. In 2015, the global milk market is forecast to have a value of $146,058.1 million, an increase of 20.8% since 2010.
The global milk market grew by 2.3% in 2010 to reach a volume of 97,001.5 million liters. In 2015, the global milk market is forecast to have a volume of 109,208.8 million liters, an increase of 12.6% since 2010.
Europe accounts for 37% of the global milk market value. Parmalat Finanziaria S.P.A. is the leading player in the global milk market, generating a 5.6% share of the market's value."
Vous constaterez la part de l'Europe dans ce marché global !
le Pay
le 15 Octobre 2011 00h10
Excellente réponse Tirlipimpon !!
Sollecus
le 15 Octobre 2011 07h45
"j'attends les idées pratiques et le coûts des protections"
@ suce les idées des autres
Vous n'avez jusqu'à présent jamais suggéré d'idées dans le domaine de la pratique sur le terrain et vous pensez être à la hauteur de L'EMB pour les coûts . Je comprends mieux votre encolure vis à vis du des produits finis.................
L’Europe est importatrice de denrées américaines et est exportatrice pour d'autres vers les pays en voie de développement. Si on continue à verdir les bonnes terres de chez nous, il faudra éviter davantage les délocalisations des industriels qui chercheront les coins intéressants de notre Europe pour se faire du pognon sur des têtes fragiles de L'Est.
Et après tout cela on parlera de la fragilité des futurs repreneurs agriculteurs de nos régions productrices ......................mais ce sera trop tard.
cricri
le 18 Octobre 2011 08h38
Excellente intervention Tirelipimpom!