Les marchés ont changé
par JM Moreau, le 23 Juillet 2011 19h37
Au cours des deux dernières années, des changements fondamentaux ont eu lieu dans deux marchés-clés de notre Région, à savoir le bœuf et le lait.
Dans les deux cas, les prix dans les trois principales zones de production ont convergé. Pour le lait, en Europe, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis et, pour le bœuf, en Amérique du Sud, en Europe et aux États-Unis.
Lors d'une conférence face à un public anglais, Henry van der Heyden, CEO de Fonterra, déclarait récemment qu'il payait en Nouvelle-Zélande plus pour le lait que ce que les fermiers anglais recevaient. De même, dans le cas du bœuf, un acheteur britannique reconnaissait qu'en mai de cette année, il avait payé plus cher pour du bœuf brésilien que pour un produit british d'une qualité similaire. Cette évolution se constate dans le taux de réalisation des contingents d'importation : bœuf argentin et brésilien, beurre néo-zélandais ...
Pour les cé...
Au cours des deux dernières années, des changements fondamentaux ont eu lieu dans deux marchés-clés de notre Région, à savoir le bœuf et le lait.
Dans les deux cas, les prix dans les trois principales zones de production ont convergé. Pour le lait, en Europe, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis et, pour le bœuf, en Amérique du Sud, en Europe et aux États-Unis.
Lors d'une conférence face à un public anglais, Henry van der Heyden, CEO de Fonterra, déclarait récemment qu'il payait en Nouvelle-Zélande plus pour le lait que ce que les fermiers anglais recevaient. De même, dans le cas du bœuf, un acheteur britannique reconnaissait qu'en mai de cette année, il avait payé plus cher pour du bœuf brésilien que pour un produit british d'une qualité similaire. Cette évolution se constate dans le taux de réalisation des contingents d'importation : bœuf argentin et brésilien, beurre néo-zélandais ...
Pour les céréales, il est aussi évident que les actions susceptible d'être prises vont plus dans le sens de conserver les réserves internes plutôt que de subventionner les exportations.
Ces changements sont d'une importance historique. Il n'y pas si longtemps que le lait en Nouvelle-Zélande et le bœuf brésilien n'étaient pas payés plus de la moitié de ce que l'on payait chez nous, ce qui alimentait, à juste titre, les craintes d'ouverture des marchés. Les prix pour ces deux produits dans leurs pays respectifs ont effectivement doublé et les économies nationales en ont bénéficié de façon très significative. 40 millions de brésiliens ont accédé à la classe moyenne ces dernières années par exemple.
Cette évolution des prix ne s'est pas produite chez nous ni dans le reste de l'Europe où, généralement, les faibles hausses de prix qui ont eu lieu au cours des dernières années ont été annulées par l'augmentation des coûts des engrais, du carburant, du travail et des contraintes liées aux normes environnementales.
Le paiement unique par exploitation complète les revenus de façon importante, mais en réalité, il a tout simplement compensé partiellement la réduction spectaculaire de la garantie des prix que la PAC historique avait instituée. Rappelons que sous les auspices de Mac Sharry et Fischler, ces prix ont été réduits entre 34% et 50%, selon le produit. Le résultat final des convulsions internationales qui ont bousculé les prix alimentaires au cours des deux dernières années est que le prix supplémentaire reçu traditionnellement par les agriculteurs européens s'est évaporé.
Les exigences supplémentaires en matière de traçabilité, de protection de l'environnement, du bien-être animal, d'utilisation de l'arsenal agro-chimique et les restrictions en matières d'hormones et d'OGM ont simplement généré des frais additionnels pour les agriculteurs européens, tandis que le reste du monde les a passés en termes de bénéfices pour les agriculteurs.
La réponse facile est que les prix des matières premières peuvent varier fortement à la hausse comme à la baisse. L'Europe doit toutefois veiller dans une certaine mesure à sa sécurité alimentaire sans verser dans un protectionnisme dévastateur. Une combinaison entre des tarifs raisonnables visant à contenir certaines importations et le maintien du paiement unique par exploitation devrait permettre d'assurer cette sécurité de base. La PAC post 2013 devra y veiller, de même que les négociations avec le Mercosul. Mais nous devons également prendre note de l'évolution des prix hors d'Europe et de l'évolution de la consommation dans les pays émergents qui induira une concurrence plus importante. Ce monde en développement pourrait être plus disposé à payer pour sa nourriture que nos pays développés, habitués à l'abondance. Si cela devait s'avérer exact, si la distribution et nos consommateurs ne sont pas disposés à payer plus pour une nourriture qui offre une qualité parmi les plus élevées et les plus sûres au monde, alors nous devrons rechercher les marchés des pays tiers qui le veulent. C'est cela aussi répondre aux signaux du marché, ce que les réformes de la PAC veulent.
S'il est souvent difficile de repérer un moment-charnière, il ne faudrait pas sous-estimer cette convergence des prix qui a eu lieu au cours des deux dernières années et les agriculteurs et leurs coopératives devraient réfléchir comment en tirer un profit maximum. Dans une telle conjoncture, défendre un repli sur soi ne me paraît pas la meilleure solution pour assurer l'avenir de nos exploitations. Si les circuits courts peuvent être une solution pour certains, le fait que nos productions excèdent la demande solvable locale oblige à chercher des débouchés à l'extérieur. Les politiques qui seront mises en place devront veiller à garantir à chacun la place qu'il veut occuper sur le marché.
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Il ne reste plus qu'à mettre tous les salaires à travers le monde au meme niveau
tirelipimpon
le 25 Juillet 2011 10h45
et pourquoi pas le prix des terres aussi ?